le festin
Compagnie
Anne-Laure Liégeois
 
 

The Great disaster
de Patrick Kermann
mise en jeu Anne-Laure Liégeois

avec Olivier Dutilloy
 

Dates passées



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création le 9 octobre 2014 au Volcan - Scène Nationale du Havre

co-production : le Festin - compagnie Anne-Laure Liégeois et Le Volcan - Scène Nationale du Havre

 

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L’histoire du plongeur du Titanic

Giovanni Pastore est descendu de ses montagnes du Frioul. Il a laissé là-haut la fontaine de sa grand-mère, la main froide de Cécilia. Il est parti chercher du travail. Il a marché à travers l’Italie, la France, l’Allemagne. Il a toujours été l’émigré, l’ouvrier, l’homme à tout faire. Changeant de nom, d’identité, au gré de ses espoirs d’intégration. Puis Giovanni Pastore a trouvé une «bonne place» sur le Titanic : plongeur, responsable devant les immenses bacs à vaisselle, et devant Monsieur Gatti son patron, des 3.177 petites cuillères. Enfin Giovanni Pastore a coulé avec le Titanic le 14 avril 1912 à 23h40 au contact d’un iceberg.

Sous les flots, dans l’éternelle immobilité de la mort, il raconte toujours inlassablement la même histoire, celle de la terre et de l’enfance perdues, de l’amour enfin retrouvé, celle de l’incroyable luxe d’un monde de première classe. Il raconte l’histoire des troisièmes classes, ceux jamais comptabilisés, les laisser pour compte de toutes les nations qui espéraient gagner la terre promise du travail offert, ceux qui hantent pour toujours les flancs du navire, les flancs de l’histoire. Il raconte l’histoire du grand désastre et des petits désastres.

Avec rien et tout.

Observer comment le théâtre sans lumières, ni costumes, ni décor, sans accessoires se jouer. Avec rien. Mais avec tout : des mots qui font un texte puis une histoire, un comédien. Et quelques spectateurs, une petite communauté d’hommes venus le faire parler, dans les yeux desquels le comédien puise le plaisir de dire cet impressionnant monologue d’une heure. Un texte qui chaque fois est le même et un autre, qui se réinvente. Observer comment le voyage opère sur celui qui écoute et regarde, comment il le façonne aussi. Et puis rencontrer Giovanni Pastore partout, réinventer à chaque fois l’espace de la représentation, dans un grenier, un musée, une cale, un théâtre, sur une place, dans une chambre, un salon... juste l’espace pour dire les mots et poser un corps.

Un texte de Patrick Kermann

L’histoire mouvante et émouvante du plongeur du Titanic, Patrick Kermann la conte avec cette incroyable poésie violente qui était la sienne. Sa langue, faite pour la bouche de comédiens virtuoses, savait faire claquer les syllabes, hacher les phrases, bercer dans des paragraphes infinis, emporter dans des flots d’images, faire toujours tanguer les tableaux et les mots, les sensations et les sentiments. Savait joindre l’histoire contée au fait historique ou au mythe, mêler humour et gravité. Son écriture reste celle d’un rayonnant sourire mélancolique plein de cynisme.

Interprété par Olivier Dutilloy.

Olivier Dutilloy qui a demandé maintes fois une augmentation dans l’Augmentation de Georges Perec, qui a été intérimaire, futur employé d’un parc d’attraction, licencié économique dans Débrayage de Rémi De Vos (mais qui a été aussi patron dans le rôle de Macbeth!), est l’ouvrier plongeur du Titanic. Il s’empare de la magnifique langue de Patrick Kermann. Il est celui venu un jour des montagnes du Frioul, laver pour toujours, au fond des mers, des petites cuillères.

Anne-Laure Liégeois