le festin
Compagnie
Anne-Laure Liégeois
 
 



Karaoké (orchestration du vide)
conception Anne-Laure Liégeois
mise en scène & scénographie Anne-Laure Liégeois

avec Olivier Dutilloy, Sacha Saille, Claire Vaillant
avec la participation de  Sanseverino
images Grégory Hiétin
costumes Séverine Yvernault
 
  

Création : 8 mai 2007 à Montluçon

Production : Centre dramatique de montluçon / Région Auvergne ; coproduction : Le Manèges-Mons / centre des écritures contemporaines et numériques

 

Textes : Yves Nilly, Jean-Bernard Pouy, Jacques Serena

Le parking des grandes surfaces, trop grand, et au fond là-bas, le bar-restaurant-karaoké, le rendez-vous de passage et la dernière sortie de secours. Est-ce qu’elle sera là, est-ce qu’il sera là, et je voulais lui dire, je voulais dire, parce que les histoires de nos vies sont toujours mieux racontées par les autres.?Chanter. Pouvoir dire, sous prétexte de chanter, ce qu’on n’oserait pas sans musique. Pouvoir crier à la face du monde ce qu’on ne peut pas murmurer à celle ou celui qui se cache dans la foule. Les visages, les corps, à distance, emballés sous vide, certifiés négatifs, de la salive jusqu’au sang, préservés et lubrifiés. Et les écrans plats et plasma. Ici on s’aime enfin, soi, avec trois minutes d’enfer de passion. Voix vacillantes, fragilité humaine. S’y voir, s’y croire, à un moment de la noria des passions. Ce fut nous, ce sera nous, question de temps, de circonstances. Faire enfin entendre sa voix en version karaoké. Le vide orchestré. Le timide se lance, se déclare, révèle au grand jour ses véritables désirs. La transie répond, se jette à l’eau et assume sa soif de vie. Les moments de vie sont si rares. Dans l’éternelle ronde des désirs et des désolations, le parcours est fléché, les étapes immuables, les mots sempiternels. Musiques trop connues. Devenues soi. Sur elles, on a vécu.?Couplets, refrain, rimes maladroites, variétés des espèces c’est là-bas, tout en fin de parking, me suis garé en marche arrière et suis resté un long moment à me regarder dans le rétroviseur, voyais entrer les autres, ils ne souriaient pas encore. Ai travaillé un peu le déhanché et le glissement rotulien. Ai compté mes mots. Mon costume velours moiré prend bien la lumière. Ma robe rose franges et paillettes scintille sous les néons. Ce sont toujours des chansons d’amour ? Alors ça parlerait d’amour.