Paul préfère ses bêtes à sa femme — qu’il désigne par le nom de Vulve — et sa portée d’enfants. Ce n’est pas aussi simple que cela. Les bêtes, il les aime, mais surtout il les comprend et il peut leur parler sans gêne, même avec des mots boiteux et des phrases sèches comme de la mauvaise terre. Sa femme souffre, mais pas comme ses bêtes, et ce mal qui lui ronge le ventre il ne peut l’admettre. Débarque un jour un saisonnier portugais, Jorge, capable de parler à la femme de Paul sans aboyer et aussi de veiller à l’appeler autrement.
Comment fait-on pour combler les silences et l’absence d’amour ? Avec quels gestes, quels mots ? Tout un monde à réinventer ; apprivoiser la violence et la brutalité d’une langue qu’on croyait perdue, à jamais inaccessible. À sa manière, l’ouvrier portugais offre à Paul une chance de rédemption ; il lui permet de franchir la frontière silencieuse et hermétique qui sépare le monde intérieur empli de peur et le monde des émotions, où les mots pourraient apprendre la compassion et peut-être même l’amour.