Marguerite doit gagner le concours de la plus forte vache du canton. Muguette la nourrit à longueur de journée, la gave, la couve, la protège, c’est la reine de la ferme Bourgol.
Gilbert le mari est exclu des préparatifs et rendu à ses seaux, Ludo le fils rêve du Far West, chevauche les grandes étendues sur sa mobylette et s’abandonne à l’amour fou.
La porte de Marguerite reste fermée, derrière on entend quelques gémissements, mais c’est déjà l’heure du repas, il faut tout avaler, le temps, la vie, enfler et gagner.
Marguerite grossit, les habitants de la ferme Bourgol gobent le ciel et recrachent les pépins de l’existence. Marguerite pleure. Encore un peu ma petite, bientôt la victoire, ma Reine des Prés.
Approche la dernière heure, le dernier repas, une Saint Cène à la campagne, où la victime expiant les péchés du monde nourrit son assassin à la bouche ouverte.
Voici enfin le jour, voici enfin Marguerite, une fois sa porte ouverte, dans sa robe blanche, un voile pudique dissimulant la misère des sentiments.